Est ce que je m'accepte vraiment?

"Au delà du bien faire et du mal faire, il existe un espace, c'est là que je te rencontrerai. " Rûmi.

Chaque individu s'est constitué au fil du temps un univers intérieur en fonction de son éducation, de son vécu, du contexte familial au sein duquel il a grandi...L'adulte qu'il est devenu aujourd'hui pose ainsi ses actions en fonctions des croyances et des convictions auxquelles il accorde de la valeur . Jusqu'ici tout va bien.

Seulement voilà, j'ai réalisé pour ma part que je me trouvais très souvent enfermée dans un conditionnement des plus inconfortables pour moi, tout en continuant malgré tout à chercher absolument à me convaincre de rester dans ce schéma que je pensais être le bon.

Pourquoi ? Tout simplement parce que dans mon monde à moi, il y avait d'un côté le bien et le mal, le vrai et le faux, le bon et le mauvais, les méchants et les gentils, comme dans les dessins animés, où, sous prétexte d'agir en faveur du bien, les gentils super héros peuvent anéantir toute une planète, tuer et punir. Ce système duel auquel je réponds aujourd'hui encore me donne beaucoup à réfléchir. Il ne s'agit pas là de penser qu'en claquant des doigts je vais pouvoir en sortir rapidement, mais plutôt de poser la conscience dès que possible sur certains comportements afin de s 'apporter le maximum de bienveillance.

J'ai fait une découverte qui tous les jours me permet de m'accepter davantage. Il s'agit de la différence entre l'estime de soi et la bienveillance envers soi, expliquée par Isabelle Padovani, formée par Marshall Rosenberg, père de la CNV(communication non violente).

Je choisis de partager avec vous ce joyau, car pour ma part cela m'a permis de réaliser à quel point je pouvais et peux encore être dans la maltraitance envers moi-même. Avec cette clé il m'est possible d'identifier plus facilement dans quel système de fonctionnement je me trouve ,et d'en sortir.

En effet, l'estime de soi est fondée sur la valeur que l'on se donne. Ainsi, si je crois que je peux être aimée pour certaines choses que je fais, et à l'inverse ne plus l'être pour ce que je ne fais pas, l'amour de moi est ainsi basé sur mes actions et conditionné par mes valeurs. Et alors là, c'est la cata !!!

Concrètement, par exemple, je me construit un idéal de la maman parfaite. Elle doit servir ses enfants avant elle sinon elle est une mauvaise mère. Je pars en quête de l'estime de moi. Ainsi, si j'accomplis toutes les tâches que je crois être bonnes, mon estime va remonter. À l'inverse, si je ne réalise pas ce que j'avais prévu de faire ou si mes actions sont contraires à mes attentes, mon estime va chuter. Je ne suis plus à la hauteur, mes enfants ne vont plus m'aimer etc...

Je peux choisir de rester dans ce modèle, et partir en quête permanente de l'estime de moi si je veux qu'elle reste au top. Mais à quel prix ! J'ai expérimenté...et j'expérimente encore aujourd'hui mais la différence c'est que je peux l'observer plus facilement et prendre le recul nécessaire. Que se passe t'il si je persiste à maintenir mon estime de moi au top? J'assure, j'assume, je force, je m'épuise, je deviens contrôlante, exigeante et j'observe des tensions dans mon corps, du stress et de la peur.

Maintenant, et c'est la que tout a commencé pour moi, qu'en est-il de la bienveillance ?

La bienveillance est une façon d'être en relation avec ce que nous faisons. Comment je me traite lorsque je fais quelque chose qui ne nourrit pas mes aspirations, mes valeurs ou mes besoins? La bienveillance est la tendresse avec laquelle je peux m'accueillir si j'observe un décalage entre mes attentes, mon idéal et le résultat.

Si je reprends l'exemple de la maman en ayant fait le choix de la bienveillance, cela transforme considérablement mon état intérieur. Je vous propose d'imaginer alors qu'un jour j'ai prévu de faire un gâteau à mes enfants et que cela fait de moi une bonne mère...bien sûr je leur ai promis...( j'aime en rajouter un peu 😊) et finalement, il y a un imprévu, chose horrible dans mon monde de contrôle...bref je ne peux pas faire ce que j'ai prévu et promis.

Mon estime chute, et là...miracle...je choisis la bienveillance envers moi.

Dans le modèle précédent, il y aurait eu un dialogue violent entre mes parts intérieures, quelques choses comme " c'est pas malin d'avoir fait cette promesse, je ne te félicite pas, bravo, t'es vraiment en dessous de tout, j'aurais dû...etc " dévalorisation, sensation d'échec. À répétition ce système peut conduire à la dépression, dépréciation de soi.

Dans le modèle de l'amour inconditionnel, je choisis d'écouter la part de moi blessée.

Ainsi le dialogue doux peut commencer.

Je me regarde et me dis. Comment te sens tu ? Je me sens triste et déçue parce que j'avais promis et je n'ai pas pu honorer

ma promesse. D'accord je comprends. Maintenant que tu as exprimé ce que tu ressens, tu peux constater que cette situation ne t'apporte pas ce que tu désires, c'est une expérience. Y a t'il une action que tu peux mettre en place pour faire autrement la prochaine fois ? Oui...je peux dire par exemple que si les conditions sont réunies je ferai un gâteau mais cette fois sans faire de promesse. La part blessée ici est entendue, j'ai posé ma conscience sur ma souffrance, cela permet déjà de voir la situation comme expérience et non comme échec. La part blessée, une fois entendue, n'a plus besoin de crier, les actions redeviennent possible et la confiance grandit, l'estime de moi aussi par la même occasion.

Si je persiste dans le premier modèle, je parle une langue de valeur à une part qui a besoin d'empathie. Il y a ainsi un problème de communication car la part blessée, tant qu'elle n'aura pas été entendue, reviendra régulièrement, parlant elle aussi un langage violent et cassant mes valeurs. Cela explique par exemple que parfois vous avez beaucoup de choses à accomplir, du travail, et que vous vous retrouvez bloqué parce que vous forcez. Je dois finir, je n'ai pas le choix, je vais être en retard, je dois arrêter de penser, je dois me concentrer...que d'obligations ! Pourquoi ne pas accueillir au contraire cette part qui pense...cette part qui juge, celle qui a envie de jouer plutôt que travailler. J'ai souvent observé que plus je cherchais à faire taire ces parts, pire c'était. M'accorder une pause plutôt que chercher à finir absolument me permet de terminer plus vite que j'imaginais, accepter que je ressasse aujourd'hui, accueillir la culpabilité plutôt que me dire arrête d'être comme ça ou comme ci m 'aide à libérer certaines tensions. Accepter qu'une part de moi n'est absolument pas prête à lâcher prise parce qu'elle a peur de ne plus exister, me permet de me détendre plutôt que me forcer à lâcher prise. Au final cela revient au même mais en prenant un chemin différent. Si je suis en train d'escalader l'Everest, je doute qu'il soit judicieux pour moi en cet instant de lâcher prise 😊, j'ai d'abord besoin de filets de sécurité.

Accueillir tout le vivant en moi, pas seulement celui que je crois bon ou mauvais. Cela fait partie intégrante de l'humain, accepter d'être humain, simplement.

Si au lieu de forcer, je m'accepte complètement, je retrouve énergie, amour de moi et les tensions disparaissent.

J'ai souvent voulu exclure ce que je considérait être en désaccord avec mes attentes, à faire taire ce qui ne correspondait pas à ce que j'estimais aimable. Si ces parts de moi s' étaient matérialisées devant moi sous la forme d'un petit enfant, c'est comme si je lui avait dit de se taire alors qu'il pleurait de douleur. Cette image choque et aide à réaliser à quel point on peut se maltraiter. Je me disais, "c'est mal de juger"...(très drôle cette phrase qui a elle seule est un jugement de valeur), il ne faut pas ceci ou cela, c'est bien de faire ci ou ça, il faut manger comme ça, ...En réalité, à travers ces conseils bienveillants en apparence se cache une grande part de contrôle. Ce qui est juste et bon pour moi ne l'est pas spécialement pour quelqu'un d'autre.

Aujourd'hui j'accepte que je pleure, que j'explose de colère parfois, que j'ai des réactions, que je juge et je cherche à travers ces comportements les clés de mes besoins insatisfaits pour pouvoir y répondre au mieux.

"Ce n'est pas en regardant la lumière qu'on devient lumineux" ...Jung